Qui suis-je? Un nouveau regard sur le concept d’identité
2910 Boulevard Edouard-Montpetit
Université de Montréal, Montréal, QC H3T
Canada
Dans le cadre des midis de l’éthique, Alexandre Erler viendra nous entretenir sur le thème de l’identité.
La question “qui suis-je ?”, une question qui concerne notre « identité » en un sens distinct de la notion d’identité numérique (au cœur des discussions sur l’identité personnelle), est typiquement considérée comme importante à la fois en elle-même et instrumentalement parlant. Se connaître nous-mêmes peut nous aider à mieux réussir nos choix de vie, mais c’est également une nécessité pour ceux qui souhaitent réaliser ce que Charles Taylor a appelé l’idéal d’une existence « authentique » : une existence dans laquelle nous exprimons, et préservons face aux pressions extérieures, qui nous sommes fondamentalement. Ces considérations sont notamment devenues saillantes dans le récent débat sur les technologies dites d’amélioration : est-ce que, par exemple, intervenir directement sur mon cerveau afin d’améliorer ma mémoire, mon humeur ou ma personnalité (sans remédier par là une pathologie quelconque) menacerait mon identité et l’authenticité de mon existence ?
Les théories récentes en philosophie analytique qui prétendent répondre à la question “qui suis-je ?” tendent à accepter deux principes centraux: premièrement, l’idée qu’une caractéristique particulière ne peut appartenir à l’identité d’une personne que si celle-ci s’identifie à ladite caractéristique ; et deuxièmement, l’idée suivant laquelle la nature de l’identité d’une personne est entièrement déterminée par le contenu d’une certaine histoire (ou de plusieurs histoires) qu’elle-même ou d’autres personnes racontent à son propos. La théorie narrative de Marya Schechtman est un exemple d’une analyse de l’identité qui combine ces deux principes. Dans l’article sur lequel ma présentation sera basée, je défends l’idée qu’il est préférable de rejeter ces deux principes. Développant certaines idées de Hilde Lindemann, je soutiendrai que l’analyse de Schechtman échoue dans certains cas à incorporer toutes les caractéristiques pertinentes pour l’identité d’une personne, tandis que dans d’autres cas elle inclut des caractéristiques qu’elle devrait exclure. Je montrerai ensuite que la solution alternative de Lindemann se heurte à des problèmes similaires. En réponse à ces problèmes, je défendrai une approche différente que l’on peut décrire comme une théorie « objective » de l’identité, basée sur quatre critères fondamentaux. Je défendrai mon analyse contre quelques objections possibles, et mentionnerai ses implications principales, notamment dans le cadre du débat éthique sur l’amélioration humaine.
Le texte en anglais de la présentation entière est disponible sur demande. Vous pouvez vous adresser à Valéry Giroux: valery.giroux@umontreal.ca.
Source de l’image.