Démocratie et transparence
École d’été 2018 du CÉRIUM, tenue à Paris, en partenariat avec la DAI de l’UdeM, la FAS et le CRÉ, ainsi qu’avec la Maison SUger-FMSH et EHESS.
Organisation: Marc-Antoine Dilhac. Co-responsables: David Décary-Hétu (Université de Montréal)
Luc Foisneau (CNRS, CESPRA) et Pierre-Yves Néron (Université Catholique de Lille)
Le séminaire doctoral a pour objet d’étude la demande de transparence en démocratie. La démocratie contemporaine s’est cristallisée autour de la notion de transparence avec l’émergence de l’espace public au 18e siècle. La publicité de l’espace de parole politique est devenue une condition de la légitimité dans les régimes pré-démocratiques et a été érigée comme pierre de touche de l’édifice démocratique. Une caractéristique essentielle de la publicité est la transparence des informations qui permettent de juger les affaires publiques et de lutter à la fois contre la corruption et contre l’usage abusif de la raison d’État. La demande de transparence est ainsi consubstantielle à l’exigence démocratique de publicité.
Nous examinerons la demande de transparence en nous interrogeant sur les domaines pour lesquels cette demande est pertinente et peut-être nécessaire, comme celui des transactions financières et des marchés publics, mais aussi ceux de l’accès aux données numériques et des algorithmes de décision. Si la transparence est une condition épistémique de l’exercice des droits de la citoyenneté démocratique, elle donne aussi une direction pour penser la légitimité des décisions politiques : parce que les décisions politiques doivent elles-mêmes être transparentes, c’est le modèle de la participation citoyenne qui tend à s’imposer depuis une vingtaine d’années. Mais la revendication non éclairée de la transparence peut également engendrer une violation de certains droits fondamentaux comme celui d’avoir une vie privée. On pourrait ainsi se demander quelle place il faut encore accorder à l’intimité et au secret dans une société de la transparence.
Le programme de conférences et d’ateliers propose une formation de haut niveau à la recherche en philosophie politique, science politique, sociologie et en criminologie. Le thème de la transparence sera abordé sous l’angle de la réflexion philosophique sur la corruption, de l’élaboration de politiques de lutte anti-corruption, de l’étude politique et sociologique des sociétés qui se présentent comme des modèles de transparence (essentiellement dans les pays scandinaves), et enfin de la transparence numérique avec la lutte contre la cyber-criminalité financière et la régulation des crypto-monnaies, mais aussi avec la protection des libertés publiques menacées par l’avènement d’application utilisant l’intelligence artificielle à des fins de propagande.
Nous aurons le privilège de discuter de ces questions avec des spécialistes universitaires (Paris-Sorbonne, EHESS, UdeM) et des acteurs clés de la société civile (Transparency International, CNNum et CNIL) :
Horaire de la semaine :
2 juillet : Céline Spector (Paris-Sorbonne)
3 juillet : Alban Bensa (EHESS)
4 juillet : David Décary-Hétu (Université de Montréal) et Laurène Bounaud (Transparency International, France)
5 juillet : Yohann Aucante (EHESS)
6 juillet : Valérie Peugeot (CNIL-Commission Nationale Informatique et Liberté ; Conseil National du Numérique ; Présidente de Vecam-Citoyenneté dans la société numérique).