L’état fragile de la démocratie, entre Poutine et COVID-19, selon Frédéric Mérand
Longue entrevue de Frédéric Mérand avec Michel Lacombe.
« L’invasion de l’Ukraine par la Russie va changer la face du continent européen », croit Frédéric Mérand, spécialiste des relations politiques européennes. Au sujet de l’avenir de nos démocraties, le professeur estime par ailleurs que la pandémie de COVID-19 a permis de revaloriser grandement le rôle de l’État.
« Les gens se sont rendu compte que cet État qu’ils croyaient devenu impuissant à cause de la mondialisation est en fait extraordinairement puissant. Il peut fermer des frontières, fournir des vaccins et mettre en place des mesures de confinement », note le directeur du Centre d’études et de recherches internationales de l’Université de Montréal (CÉRIUM).
Poutine en quête de prestige
La quête de gloire semble le principal moteur de l’invasion russe en territoire ukrainien depuis la fin de février, selon Frédéric Mérand. Vladimir Poutine souhaiterait redorer le blason de la Russie.
Mais cette invasion a une contrepartie, selon lui : elle a renforcé comme jamais les liens de solidarité entre les pays européens face à l’administration de Vladimir Poutine.
Vivre la Commission européenne de l’intérieur
Fervent collectionneur de drapeaux pendant son adolescence, Frédéric Mérand croyait qu’il deviendrait journaliste ou conseiller syndical. Il s’est plutôt tourné vers la sociologie.
Ce choix l’a mené notamment en Belgique, où il a suivi pendant quatre ans (2015-2019) le commissaire européen Pierre Moscovici lors de ses travaux.
Dans ce rôle, Mérand a été un spectateur privilégié de la crise grecque et de la montée des populismes en Italie.
Frédéric Mérand a publié un livre tiré de ces années d’observation, Un sociologue à la Commission européenne, aux éditions Presses de Science Po.