Lancement de la Déclaration de Montréal sur l’exploitation animale
La Déclaration de Montréal contre l’exploitation animale est le résultat de l’initiative de trois chercheur.ses du Groupe de recherche en environnementale et animale (GRÉEA), affilié au Centre de recherche en éthique (CRÉ), à Montréal.
Plus de 400 universitaires issu.es d’une quarantaine de pays et spécialisé.es en philosophie morale et politique proclament, au vu de l’état actuel des connaissances dans leur champ d’expertise, le caractère foncièrement injuste de l’exploitation animale.
« Nous condamnons l’ensemble des pratiques qui supposent de traiter les animaux comme des choses ou des marchandises. Dans la mesure où elle implique des violences et des dommages non nécessaires, nous déclarons que l’exploitation animale est injuste et moralement indéfendable. »
Pour participer au lancement, le mardi 4 octobre 2022, avec Martin Gibert, Valéry Giroux et François Jaquet et visionner la vidéo surprise, c’est ici.
Cette déclaration fait écho, sur le plan éthique, à la Déclaration de Cambridge sur la conscience, statuant que « des données convergentes indiquent que les animaux non-humains possèdent les substrats neuroanatomiques, neurochimiques et neurophysiologiques des états conscients ainsi que la capacité de se livrer à des comportements intentionnels. »
Les signataires déclarent que les principaux arguments invoqués à l’appui de l’exploitation animale n’ont pas la pertinence requise pour la justifier moralement. C’est notamment le cas des arguments fondés sur les capacités cognitives sophistiquées des êtres humains.
« Les capacités d’un individu à composer des symphonies, à faire des calculs mathématiques avancés ou à se projeter dans un avenir lointain, aussi admirables soient-elles, n’affectent pas la considération due à son intérêt à ressentir du plaisir et à ne pas souffrir. Les intérêts des plus intelligents parmi nous n’importent pas davantage que les intérêts équivalents de ceux qui le sont moins. Soutenir l’inverse reviendrait à hiérarchiser les individus en fonction d’une faculté n’ayant aucune pertinence morale. »
Bien que leurs travaux s’inscrivent dans des traditions philosophiques diverses, ces universitaires s’accordent donc sur la condamnation du spécisme et la nécessité de transformer en profondeur nos relations avec les autres animaux en mettant fin à leur exploitation. Une telle position, autrefois portée par quelques personnes particulièrement sensibles au sort des animaux, est ainsi pour la première fois soutenue par des centaines de chercheur.sess ayant dédié leur carrière à la réflexion éthique.
Favorables à la fermeture des abattoirs, à la fin de la pêche et au développement d’une agriculture végétale, les signataires admettent avec lucidité que, même s’il constitue « le seul horizon collectif à la fois réaliste et juste », un tel projet nécessitera de « renoncer à des habitudes spécistes bien ancrées et de transformer en profondeur certaines de nos institutions ».
En 2022, la Déclaration de Montréal sur l’exploitation animale marque assurément une étape importante dans la reconnaissance – soutenue par des philosophes – des animaux non humains.
Pour signer la Déclaration, c’est ici. En version anglaise, c’est ici.
Parmi les signataires: Amandine Catala; Ryoa Chung; Peter Dietsch; Marie-Josée Drolet; Luc Faucher; Ian Gold; Naïma Hamrouni; Christopher Howard; Renan Larue; Colin Macleod; Jocelyn Maclure; Bruce Maxwell, Joseph-Marie Mbonda; Christian Nadeau; Vardit Ravitsky; Christine Tappolet; Kristin Voigt et Rafael Ziegler.