« Protéger les écosystèmes : approches philosophiques »
Résumé
Axe 1 : L’unité des écosystèmes. Les écosystèmes forment-ils des touts qui sont davantage que l’agrégat d’espèces, d’organismes et d’éléments abiotiques qui les composent? Ce premier axe vise à répondre à cette question. Son enjeu est capital pour la protection des écosystèmes dans la mesure où la réponse apportée est susceptible de déterminer si les écosystèmes eux-mêmes (ex. une forêt ou un lac) ou seulement leurs composantes (les espèces, organismes et éléments abiotiques) peuvent être conçus comme des entités à protéger.
Axe 2 : À supposer que les écosystèmes soient plus que la somme de leurs parties, maintiennent-ils une forme d’identité dans le temps? Autrement dit, peut-on affirmer qu’un écosystème reste le même lorsque certaines de ses composantes ou caractéristiques se modifient sous l’effet de différents facteurs? Ce deuxième axe de notre programmation vise à répondre à ces questions. Son enjeu est crucial dans la mesure où protéger un écosystème implique qu’il puisse se maintenir dans l’espace et dans le temps. Il faut donc spécifier ses conditions d’identité. Une forêt de feuillus dans laquelle les chênes ont pris la place des peupliers est-elle encore le même écosystème? Qu’en est-il d’un lac s’ étant transformé en tourbière?
Axe 3 : La « santé » des écosystèmes. Si l’on admet que les écosystèmes sont plus que la somme de leurs parties et qu’ils préservent leur identité dans le temps, peut-on alors formuler des critères de « santé » à leur endroit qui soient en mesure de guider nos efforts de protection de l’environnement? Ce troisième axe de notre programmation vise à répondre à cette question. Son enjeu s’arrime à ceux traités par les axes précédents étant donné la possibilité qu’un écosystème se maintienne ou persiste dans un état dégradé d’un point de vue écologique (une prairie désertifiée, un estuaire en hypoxie, etc.). Comment définir cette notion de dégradation écologique? Un écosystème se trouve-t-il dégradé lorsque sa biodiversité s’est appauvrie? Est-ce plutôt lorsque sa résilience a été réduite? Ou alors lorsqu’il a perdu d’autres caractéristiques? Ces questions soulèvent l’enjeu classique de la relation entre la science et les valeurs.
Nous traiterons les enjeux décrits ci-dessus en mobilisant les ressources théoriques pertinentes que fournit la philosophie des sciences.