Ryoa Chung se voit décerner un des prix de recherche 2023 de la Fondation Croix-Rouge française
À l’occasion de sa conférence internationale 2023, organisée dans les salons scientifques du Campus St-Thomas de Sciences Po Paris, la Fondation Croix-Rouge française décernait un de ses quatre prix à nulle autre que la co-directrice du CRÉ et professeure de philosophie de l’Université de Montréal Ryoa Chung. Toutes nos félicitations!
UdeM Nouvelles l’annonçait dans sa publication du 26 octobre dernier: « La Fondation Croix-Rouge française a fait connaître les lauréats et lauréates de ses prix de recherche 2023. L’un des deux prix dotés, d’une valeur de 3000 €, a été décerné à Ryoa Chung pour ses travaux dans le domaine de l’éthique des relations internationales.
Professeure titulaire au Département de philosophie de l’Université de Montréal, Ryoa Chung s’intéresse à divers enjeux de la philosophie politique appliquée, dont ceux en matière de santé. Au cours de sa carrière, celle qui codirige le Centre de recherche en éthique de l’UdeM s’est notamment penchée sur les conséquences épistémiques des injustices structurelles en éthique des relations internationales, sur les enjeux éthiques en lien avec la santé des personnes réfugiées en situation de handicap au Canada et, plus récemment, sur les injustices structurelles et épistémiques afin de mieux comprendre la production et la perpétuation des inégalités de santé.
Née au Canada de parents réfugiés politiques, Ryoa Chung confie que l’obtention de ce prix la touche particulièrement ainsi que sa famille. L’arrivée au pays de ses parents s’est faite grâce à l’assistance de la Croix-Rouge internationale. «Pour ma mère, la remise de ce prix, c’est la boucle qui se boucle», indique-t-elle. Ayant grandi dans un milieu modeste, mais au paysage riche intellectuellement, la vice-présidente de l’Association canadienne de philosophie a développé très rapidement un intérêt pour les enjeux de justice. «Mes parents étaient des intellectuels, des rêveurs, des idéalistes qui vivaient d’amour et d’eau fraîche, souligne-t-elle. Montréal était pour eux un paradis sur terre en raison du régime public de santé, de la francophonie et de l’accueil qu’ils ont reçu par rapport à leur situation d’immigrés. Ils ont aussi connu les défis de la pauvreté et du fait d’être allophones, ce qui nous a donné un point de vue différent sur le monde. Je crois que c’est en hommage à eux que je me suis intéressée aux questions internationales.»
Un trait de lumière dans la noirceur
Première à avoir mis sur pied, au Québec, un cours d’éthique des relations internationales en français, Ryoa Chung admet que son domaine de prédilection confronte les chercheurs et chercheuses à des sujets controversés. «La philosophie a tendance à étudier les choses qui ne vont pas bien», note-t-elle. Celle qui a vécu de près une tragédie, soit la tuerie de l’École Polytechnique alors qu’elle étudiait à l’UdeM, concède que ce genre d’évènement ébranle la vision du monde qu’on peut avoir, mais qu’il ne faut pas malgré tout perdre espoir. «Même si l’état actuel des relations internationales révèle des inégalités abyssales et des problèmes fondamentaux auxquels il faut s’attaquer, il faut garder espoir. La réponse philosophique du désespoir n’est pas, à mon avis, tenable. Il y a, dans l’histoire de la philosophie, des pages très sombres, mais aussi des pages de lumière. Il faut continuer de critiquer les choses qui ne vont pas bien, mais le faire dans l’espoir d’apporter des éléments de réflexion qui les amélioreront», dit-elle.
Celle qui collabore fréquemment avec des collègues d’autres disciplines étudiera jusqu’en 2029, grâce à une subvention du Conseil de recherches en sciences humaines du Canada, différentes questions liées à des problématiques de santé, de justice et de sécurité au 21e siècle. «Il est primordial de réfléchir à la sécurité de la planète et de reconnaître le droit humain à la santé. Nous nous devons de penser à la santé des générations à venir face à la crise climatique, en plus des futures guerres et pandémies», conclut Ryoa Chung.
Les prix de la recherche de la Fondation Croix-Rouge française sont remis à des chercheurs et chercheuses francophones. Ils récompensent l’excellence scientifique et l’engagement des personnes nommées qui travaillent jour après jour à faire avancer l’action au service des plus fragiles. »
Crédit photo: Amélie Philibert, Université de Montréal, pour UdeMnouvelles