« Acheter c’est voter », un vieux refrain

12 décembre 2006, par Dominic Martin

Il y a des choses difficiles à prévoir dans la vie (quoi! Stéphane Dion est le nouveau chef du PLC) et il y a des choses moins difficiles à prévoir (tiens, tiens, Justin Trudeau aurait-il l’intention de se lancer en politique?). Tout en bas de la grande échelle de l’imprévisibilité se trouve la position éditoriale du magazine The Economist sur le commerce des aliments biologiques, des produits équitables et de l’achat local (Ethical Food, Good Food?, voir aussi Voting with your Trolley, 9 décembre 2006).

Trois semaines après nous avoir expliqué qu’il faut se méfier des investissements dans l’énergie verte (Alternative Energy : Green Dreams, 16 novembre 2006), on nous laisse maintenant entendre que la consommation responsable vient avec son lot d’effets pervers :
-#La nourriture organique est une utopie parce qu’elle ne pourrait jamais suffire aux besoins alimentaires mondiaux;
-#Le commerce équitable profite surtout aux distributeurs et il empêche les producteurs de diversifier leurs cultures;
-#Acheter des produits locaux peut entraîner de plus grandes dépenses d’énergie entraînant l’émission de gaz à effet de serre.

Remarquez que les arguments ne sont pas complètement nouveaux. Peter Singer (professeur de philosophie à l’université de Princeton) défend une position similaire sur l’achat local dans son dernier livre : The way we eat (voir un résumé sur le site du magazine salon.com : The practical ethicist).

Laure Waridel aurait-elle eu tort de nous chanter le même refrain pendant tant d’années? Si acheter c’est voter, acheter vert est un vote pour qui, ou pourquoi? À en croire l’article de The Economist on vote pour plus d’iniquité, moins d’efficacité et plus de pollution. Pour lutter contre ce genre de problème il ne faut pas consommer mieux, il faut voter mieux. Il faut établir des politiques comme une taxe sur les émissions de CO2, une reforme du commerce mondial, l’abolition du régime européen de subventions aux agriculteurs, etc.
So what should the ethically minded consumer do? Things that are less fun than shopping, alas.
À défaut d’être complètement convaincant – pour aller au fond de l’argument, il faudrait se livrer à une guerre de chiffre sur l’impact de ces différentes industries (et admettons-le, ce n’est pas vraiment notre spécialité) – ce genre d’argument à l’avantage de nous montrer que rien n’est jamais simple au pays du commerce de la moralité.