Concepts, usages et présomptions: à propos des liens d’intérêts et de l'”intégrité scientifique”
Présentation d’Emmanuel Picavet (uUniversité Paris 1 Panthéon-Sorbonne, UFR 10 et UMR 8103, ISJPS ; chaire Ethique et Finance, FMSH), dans le cadre du Séminaire du GREME, le 6 octobre 2021, à l’Université Laval.
Le thème de l’«intégrité scientifique » s’est imposé, au fil des dernières années, comme un point de repère pour des évolutions importantes dans les institutions de recherche. En témoignent, dans le cas de la recherche française, le rôle de l’Office Français de l’Intégrité Scientifique, la création d’un statut de « référent Intégrité Scientifique » dans les établissements et la constitution d’un réseau national de ces référents. Les définitions qui ont cours sont cependant profondément insatisfaisantes et l’extension donnée au concept peut sembler arbitraire. Le thème (relié) de la prévention des conflits d’intérêt sur la base d’une maîtrise collective des « liens d’intérêt » se prête lui aussi à des développements institutionnels, les bases conceptuelles apparaissant toutefois assez peu précises.
Dès lors, on est en droit d’exiger un minimum de précautions intellectuelles dans ce qui doit bien s’apparenter d’une manière ou d’une autre à une analyse normative ou axiologique. L’une des difficultés est l’imbrication des considérations liées à la nature de la recherche et de considérations spécifiquement institutionnelles. Dans le cas de l’ « intégrité scientifique » comme pour les « liens d’intérêt », on présentera les bases d’une approche centrée sur des exigences fonctionnelles du processus de recherche.