Camille Ternier
Positions held
2020-2021 to 2022-2023 | Postdoctoral researcher(s), Ethics and economics |
Biography
Mes recherches se situent dans le champ de la philosophie politique moderne et contemporaine, et portent sur les idéaux et les pratiques d’organisations économiques démocratiques : démocratie d’entreprise (workplace democracy), Economie Sociale et Solidaire (histoire du mouvement coopératif, en particulier), sociologie des organisations démocratiques (syndicats, associations, coopératives, etc.). J’ai aussi un intérêt pour l’épistémologie des sciences sociales et les questions méthodologiques en philosophie politique.
Ma thèse, soutenue en décembre 2019 à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne, est intitulée « Être des travailleurs libres. Le modèle des coopératives de production comme forme institutionnelle d’une économie démocratique ». Ce travail de thèse vise à estimer l’intérêt et les limites de la coopérative de travailleurs afin d’incarner l’idéal d’entreprise démocratique. Je tente d’abord de montrer que la démocratisation des entreprises peut être considérée comme étant l’horizon normatif commun de trois grands courants égalitaristes du XXème siècle que sont le libéralisme égalitaire, le socialisme de marché et le néo-républicanisme. J’explique ensuite que l’on peut conceptualiser l’idée de « démocratie d’entreprise » en faisant appel au républicanisme et à son corolaire institutionnel, le coopérativisme. Je présente alors dans un chapitre historique les sous-bassements théoriques de la coopérative de production, avant de les soumettre à l’épreuve de leur mise en application. Pour cela, je rends compte des résultats d’une enquête de terrain que j’ai réalisée au sein d’une petite coopérative de production trois ans durant. Cette mise à l’épreuve de la forme coopérative révèle un de ses paradoxes : en valorisant l’effort et le travail, la coopérative court toujours le risque de verser dans le régime aristocratique qu’elle cherchait à éviter. La forme coopérative souffre en fait d’une limite que son fondement républicain lui impose, qui consiste dans le lien fondamental entre pouvoir politique, propriété et vertu morale. Il faut donc envisager leur dépassement afin que cette forme soit davantage en accord avec l’idéal d’égalité démocratique.
Mes recherches post-doctorales, codirigées par Peter Dietsch (UdeM) et Pablo Gilabert (Concordia) portent sur la question de savoir si l’égalitarisme contemporain est suffisamment outillé afin de rendre compte des sentiments et des situations d’injustice des travailleurs sur leur lieu de travail. Mon travail s’axe d’une part sur les implications du libéralisme égalitaire rawlsien pour les entreprises ; d’autre part sur la manière dont on peut renforcer le projet contemporain d’un « républicanisme d’entreprise » (workplace republicanism).