Diversité, vulnérabilité et le politique autrement
Des chercheuses du CRÉ, Naïma Hamrouni (UQTR), Françoise Paradis Simpson (UdeM) et Dominique Leydet (UQAM) participent à l’organisation du colloque international Diversité, vulnérabilité et le politiquement autrement, qui sera tenu les 9, 10 et 11 octobre 2019 au Salon orange de l’UQAM.
De nombreux chercheurs du CRÉ Ernest-Marie Mbonda, Jocelyn Maclure, Michel Seymour, Frédéric Armstrong, Françoise Paradis-Simpson, Naïma Hamrouni, Soumaya Mestiri et Daniel Weinstock présenteront leurs travaux à cette occasion.
La diversité est devenue au cours des dernières décennies un leitmotiv de la pensée libérale progressiste. Son usage conceptuel a servi à redéfinir les conceptions traditionnelles des identités collectives dans le but de mieux tenir compte du pluralisme identitaire, culturel et religieux. Dans les théories politique et sociale, la diversité recherche une meilleure harmonisation des différences tout en favorisant des modèles d’aménagement multiculturels ou interculturels. Mais la diversité fait également figure de lieu commun parmi les leaders politiques et économiques qui lui attribuent une valeur positive en lien avec l’extension des valeurs de la mondialisation, du libre-échange et de l’ouverture des frontières politiques et culturelles.
Pour certains, l’usage de la vulnérabilité en théorie politique et sociale, issue des théories féministes et la pensée critique, constitue une réponse radicale et critique vis-à-vis de la diversité. La valorisation des différences portée par la théorie libérale et les élites politiques voilerait d’autres injustices associées aux questions de genre, de race, d’identité ou de statut social. L’aménagement de la diversité suggéré par les modèles libéraux tendrait à placer les groupes sociaux sous un même plan horizontal, et ainsi à cacher ou à sous-estimer les rapports de dépendance, d’exploitation ou de minorisation qui existent à l’intérieur de ces groupes ou entre eux. Pour ces défenseurs, la vulnérabilité permet de revisiter les divers enjeux soulevés par la diversité – la représentation des minorités, l’identité, les politiques migratoires – et de les recadrer à partir de nouvelles perspectives de justice sociale et d’égalité politique.
En marge de ce débat, l’on retrouve quelques travaux qui ont cherché des rapprochements entre les usages de la diversité et de la vulnérabilité (Fineman, Nussbaum, Mestiri, Okin). Ces deux concepts ont comme point de rencontre la complexité des relations humaines, même si l’un insiste sur les rapports de dépendance entre les individus et les groupes, alors que l’autre insiste sur les rapports culturels ou identitaires différenciés. Mais les liens sont perceptibles, si l’on considère que la culture, la religion, le genre introduisent également des rapports de dépendance entre les individus et les groupes. Chacun des concepts participe à sa manière à la révision des normes établies dans la recherche d’une société plus inclusive des différences ; même si l’un semble demeurer sur le terrain de la théorie libérale et l’autre dans celui de la théorie radicale.
Le colloque se veut un lieu de rencontre pour réfléchir aux entrecroisements possibles entre les concepts de diversité et de vulnérabilité. Leur usage combiné amorce-t-il les fondements d’un regard nouveau sur la pensée et les pratiques politiques et sociales ? L’objectif du colloque est de réunir des chercheurs (établis et émergents) dont les travaux, qu’ils combinent les deux concepts ou qu’ils s’inscrivent dans l’un ou l’autre, sont propices à un dialogue entre la diversité et la vulnérabilité.