“Pour en finir avec la fin du travail : La coopération équitable face aux changements technologiques”
Conférence de Denise Celentano dans le cadre des Ateliers de philosophie moderne et contemporaine
Depuis longtemps, la perspective d’une « automatisation totale » a prévalu dans les débats sur le futur du travail. Toutefois, il est assez incertain et controversé, voire infalsifiable, que le travail va effectivement « finir ». Également, cette attente indéfinie – à la manière de Godot – suppose une représentation naturalisée de l’automatisation aux effets politiquement fatalistes.
Nous soutenons que l’utopie de l’« automatisation totale » doit donc être remplacée par un idéal de « coopération hybride équitable ». Ce dernier demande que la division du travail entre humains et machines n’empêche pas, et préférablement encourage, l’expérience de certaines qualités primaires dans l’activité du travail. Partiellement inspirées par la notion rawlsienne de biens premiers, ces qualités permettent la poursuite de nos conceptions de la vie bonne. Au lieu de poursuivre une « stratégie du retrait » (Danaher 2019), dans la « stratégie de la transformation » le travail doué de sens (meaningful work) devient idéalement disponible pour tout le monde par le biais de la technologie. Cela nous permet de formuler un standard normatif pour évaluer les formes organisationnelles préférables, et pour envisager des imaginaires coopératifs alternatifs.
De la gestion algorithmique du travail à la tâche au cas des robots infirmiers, plusieurs exemples illustreront les avantages de cette perspective.
Biographie : Denise Celentano est professeure adjointe en éthique et philosophie politique au département de philosophie de l’Université de Montréal. Ses recherches portent principalement sur la philosophie du travail et l’éthique de la technologie, avec une attention particulière pour les inégalités sociales.
Organisateurs: Catherine Rioux et Jérôme Gosselin-Tapp