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« Il faut arrêter l’évaluateur n°2 ». Contributions autochtones et domination épistémique en sciences politiques

Nouvel article de Yann Allard-Tremblay (McGill) et Elaine Coborn intitulé « Il faut arrêter l’évaluateur n°2 ». Contributions autochtones et domination épistémique en sciences politiques, paru dans Appartenances et Altérités.

Résumé

En 2016, Kennan Ferguson a publié « Why Does Political Science Hate American Indians ? » (« Pourquoi la science politique déteste-t-elle les Amérindiens ? »). Ferguson y décrivait les caractéristiques structurelles de la science politique contemporaine pour expliquer l’exclusion des peuples et des savoirs autochtones de la discipline. Aujourd’hui, le contexte est différent. Dans les universités, les savoirs autochtones ne sont plus ignorés ou disqualifiés, mais on cherche plutôt à diversifier et à déparochialiser les programmes d’études, tout en ouvrant un espace à l’érudition autochtone. Cependant, malgré ces bonnes intentions, il existe toujours des obstacles structurels à la prise en compte des savoirs autochtones dans l’Université en général et dans les sciences politiques en particulier. Nous évoquons un évaluateur n°2 stylisé pour décrire les dynamiques au sein du processus d’évaluation par les pairs qui tendent à limiter ou à exclure les interventions qui s’engagent dans les savoirs autochtones : 1) les effets disciplinaires des disciplines ; 2) la reproduction de l’eurocentrisme ; 3) la demande d’essentialisme ou de romantisme – ou la remise en question des deux ; et 4) la politisation abusive du « bon » argument. Nous identifions une cinquième dynamique liée à (5) la sous-représentation persistante des chercheurs autochtones. Nous concluons en indiquant comment les évaluateurs et les rédacteurs en chef attachés au pluralisme peuvent procéder rigoureusement à l’évaluation par les pairs tout en ouvrant la science politique aux savoirs autochtones.