L’invivabilité et la précarisation du/des vivant·e·s : enjeux éthiques et philosophiques
La précarisation générale du vivant à travers les crises écologiques et sanitaires nous amène inévitablement à considérer la question de l’invivable. Qu’est-ce qui constitue le vivable et l’invivable dans notre contexte moderne ? Pour répondre à cette question, nous devons considérer la précarité comme une condition politiquement induite dans laquelle certains groupes sont différentiellement exposés aux blessures, à la violence et à la mort. Comment les systèmes de précarité et d’invivabilité sont-ils liés, notamment dans le cas de l’exploitation intensive de la nature, des femmes, des personnes racisées et des êtres vivants non humains ? Compte tenu des conditions sociales et politiques imposées à certains individus en fonction de leur race, de leur sexe, de leur classe et de leurs capacités, comment faire en sorte que la vivabilité des un·e·s ne soit pas liée à la destruction des conditions de vie des autres ou de la vie dans son ensemble ?
Le Centre de Recherche en Éthique (CRÉ) a le plaisir de vous inviter à réfléchir à ces questions grâce à deux conférences d’honneur offertes par Frédéric Worms (École Normale Supérieure) et Katharine Jenkins (Université de Glasgow).
Conférences d’honneur
Frédéric Worms 9h30 à 10h30
Dans Le vivable et l’invivable (2021), Judith Butler et Frédéric Worms soutiennent que la condition d’invivabilité fait référence à la vie des personnes qui ont subi des traumatismes si grand qu’elles perdent le contact avec leur propre subjectivité. Les violences sociales, politiques et physiques produisent des ruptures et peuvent engendrer la fin de la reconnaissance de soi comme sujet agissant dans le monde. Dans cette conférence, nous explorerons les outils éthiques et philosophiques permettant non seulement de penser cette invivabilité, mais aussi de mieux comprendre ce qui est nécessaire en termes de structures de soutien politique et social pour garantir que toutes les vies soient vivables et ainsi espérer tendre vers la non-violence.
Katharine Jenkins 11h à 12h
Pour leur part, les recherches de Katharine Jenkins portent sur la précarité produite par les catégories sociales, leur ontologie, ainsi que sur les moyens par lesquels les mouvements sociaux peuvent s’émanciper de ces catégories. Dans leur livre à paraître, Ontology and Oppression : Race, Gender, and Social Construction, Jenkins identifie une forme distincte d’injustice dans laquelle un individu est lésé par le fait d’être socialement construit comme membre d’un certain type social. Leurs récents travaux sur le handicap s’intéressent à la relation entre les capacités corporelles d’une personne et son contexte social.
Pause dîner 12h à 13h
13h00 à 14h30
13h à 13h30 : « Pas juste une autre femme autochtone » : redéfinition de la vulnérabilité dans les témoignages à l’ENFFADA – Miriam Hatabi
13h30 à 14h00 : Writing Ungrievable Lives in Car-Dependent Cities: Erín Moure’s Sitting Shiva on Minto Avenue, by Toots – William Brubacher
14h00 à 14h30 : Nandita Sharma : au-delà de la dichotomie entre nationaux et migrant⋅es – Alexia Leclerc
14h45 à 16h15
14h45 à 15h15 : Addiction as a response to unlivable conditions – Zoey Lavallee
15h15 à 15h45 : « Doctor, I’m going to die »: Psychic Trauma, Racial Wounds, and Colonial History – Sujaya Dhanvantari
15h45 à 16h15 : Technology and Unliveability – David Collins
The Center for Research in Ethics (CRE) is honored to invite you all to think about these questions with two distinguished keynote addresses: Frédéric Worms (École Normale Supérieure) and Katharine Jenkins (University of Glasgow).
Keynote adresses
Frederic Worms 9h30 to 10h30
In Le vivable et l’invivable (2021) Judith Butler and Frédéric Worms argue that the condition of unliveability refers to the lives of people who have suffered such huge trauma that they lose touch with their own subjectivity. Social, political and physical violence produce ruptures and can engender the end of the recognition of oneself as an acting subject in the world. In this conference, we will explore the ethical and philosophical tools to not only think about this unliveability, but also to better understand what is needed in terms of political and social support structures to ensure that all lives are livable and thus hope to move towards non-violence.
Katharine Jenkins 11h to 12h
Katharine Jenkins’ research considers the precarity of ontological categories themselves, as well as the ways in which emancipatory social movements can best respond to these categories. In their forthcoming book, Ontology and Oppression: Race, Gender, and Social Construction, Jenkins identifies a distinctive form of injustice in which an individual is wronged by the fact of being socially constructed as a member of a certain social kind. Their recent work on disability is concerned with the relationship between a person’s bodily capacities and their social world.
Lunch break 12h to 13h
Conference presentations
13h00 à 14h30
13h à 13h30 : « Pas juste une autre femme autochtone » : redéfinition de la vulnérabilité dans les témoignages à l’ENFFADA – Miriam Hatabi
13h30 à 14h00 : Writing Ungrievable Lives in Car-Dependent Cities: Erín Moure’s Sitting Shiva on Minto Avenue, by Toots – William Brubacher
14h00 à 14h30 : Droits des migrant.es et nationalismes autochtones : au-delà des catégories politiques coloniales – Alexia Leclerc
14h45 à 16h15
14h45 à 15h15 : Addiction as a response to unlivable conditions – Zoey Lavallee
15h45 à 15h45 : « Doctor, I’m going to die »: Psychic Trauma, Racial Wounds, and Colonial History – Sujaya Dhanvantari
15h45 à 16h15 : Technology and Unliveability – David Collins
Organization: Celia Edell, Laurie Gagnon-Bouchard, Annie Liv, Guillaume Soucy et Em Walsh.
Registrations : https://umontreal.zoom.us/meeting/register/tZIvf-6hqTwoE9Xl9LdKyvf02_z4AXxwEKv9