Les midis de l’éthique: Benoît Dubreuil

Quand :
12 octobre 2007 @ 10:27 – 11:27
2007-10-12T10:27:00-04:00
2007-10-12T11:27:00-04:00

Dans le cadre des Midis de l’éthique, le CRÉUM vous invite à venir entendre:

Benoît Dubreuil, Docteur en philosophie, Aspirant au FNRS, Université libre de Bruxelles

Surveiller et punir. Ode au pouvoir disciplinaire

où et quand?

Le vendredi 12 octobre à 12 h 30
Salle de séminaire du CRÉUM (309)
2910 Boul. Édouard-Montpetit
Métro Université de Montréal

résumé

Surveiller et punir. Ode au pouvoir disciplinaire

Pendant des années, la théorie des jeux s’est demandée comment des individus rationnels parvenaient à coopérer dans des jeux de contribution à des biens publics ou dans des dilemmes sociaux comme le dilemme du prisonnier. Au cours des dernières années, l’économie expérimentale a permis d’établir que la motivation à punir les comportements opportunistes jouait un rôle central dans le développement et le maintien de la coopération. Dans la première partie de cette présentation, je proposerai un survol des principaux résultats tirés de l’économie expérimentale quant à l’usage de la punition. Je montrerai comment elle permet, dans certaines circonstances, à la coopération de se développer et de se maintenir.

Dans la seconde partie, j’expliquerai dans quelles circonstances les gens sont motivés à punir et dans quelles circonstances la punition peut être efficace. Je soutiendrai que l’émotion de la colère est celle qui prédit le mieux la décision de punir et qu’elle se déclenche principalement lorsque nos attentes sont trahies par autrui. Ainsi, ce n’est pas le fait que l’autre se conduise d’une manière « injuste » qui motive la punition, mais le fait qu’il se conduise d’une manière « plus injuste que prévue ». D’autre part, la punition n’est efficace que dans la mesure où elle rencontre chez autrui le sentiment de culpabilité. Ce dernier se déclenche lorsque autrui agit d’une manière qu’il juge injuste et devient particulièrement saillant lorsque son action fait l’objet d’une punition.

Toutes choses égales par ailleurs, la décision de punir et la sensibilité à la punition ne se déclenchent donc pas dans les mêmes circonstances : la colère étant en général plus difficile à faire naître que la culpabilité. Je soutiendrai que ce trait fondamental est nécessaire à la stabilité de la coopération chez les humains, étant donné notre biais psychologique bien connu à adopter des critères de justice intéressés.