« Travailler entre égaux, mais seuls. L’égalitarisme peut-il rendre compte du caractère problématique de la fragmentation sociale au travail ? »
2910 Édouard-Montpetit
Montréal
Dans le cadre des midis de l’éthique du CRÉ, Camille Ternier nous offrira une présentation intitulée « Travailler entre égaux, mais seuls. L’égalitarisme peut-il rendre compte du caractère problématique de la fragmentation sociale au travail ? ».
Pour y participer par Zoom, c’est ici.
Résumé
D’un point de vue économique, l’entreprise est caractérisée par un mécanisme de coordination (contrairement aux marchés). Pourtant, la fragmentation sociale est un phénomène très répandu en son sein. « La solitude au travail est un vrai problème. (…) Je me sens isolé 45 heures par semaine », déclare un cadre anonyme dans les colonnes du Guardian en 2016. La fragmentation sociale et la solitude – définie comme l’expérience émotionnelle de l’absence de certains biens sociaux plus enrichissants comme le soutien moral, l’affection et la camaraderie – sont en réalité souvent le résultat de méthodes managériales. C’est ainsi que la théorie critique s’est penchée récemment sur l’évaluation individuelle des performances. Les égalitaristes peuvent-ils fournir des concepts utiles pour rendre compte de ce type de problème ? Certains travaux portant sur les conceptions relationnelles de l’égalité ont pu rendre compte du caractère problématique de la façon dont la division du travail dans la société ou les hiérarchies d’autorité dans les entreprises pouvaient se transformer en hiérarchies de statut. Dans leur continuité, des travaux pourraient sans doute être aisément développés afin de critiquer les effets les plus préoccupants de la mise en compétition des travailleurs entre eux (comme l’apparition de hiérarchies d’estime problématiques, de relations de défiance ou bien la marginalisation et l’exclusion des moins compétitifs). Mais les approches relationnelles de l’égalité sont-elles également aptes à rendre compte de ce qui pose problème dans les phénomènes – répandus dans les entreprises – de négligence envers certains travailleurs, et d’indifférence mutuelle ? En quel sens l’égalitarisme représente-t-il une défense d’un « système de coopération et d’affiliation entre égaux » ?